Toujours devoir tout remettre en cause. La manière de vivre sa vie, de gérer son temps, d'occuper ses moments libres...

Je sais pas trop comment ça marchait avant, quand les gens vivaient simplement leur vie sans être assommés à longueur de journée par des publicités, des livres sur le bien-être ou sur l'éducation, par des cours de yoga... Quand tous les livres, les films, les chansons ou n'importe quels produits culturels n'avaient pas la prétention de délivrer un message, de nous faire entrevoir la Vérité. 

Je me demande si je suis la seule à trouver ça épuisant, toutes ces agressions, ce trop-plein de personnalité et de quête de rédemption qu'on nous inflige jusque dans nos rêves. Donnez-moi la campagne, un peu de vent, un arbre et quelques rayons de soleil cela me suffit. Est-ce que j'ai besoin de tout le reste? Même si on essaye sans cesse de me le faire croire, et que quelque fois (souvent) je me fait avoir, je sais bien que ces besoins ne sont qu'illusoires. Créés de toute pièce par notre société.

Ce qui m'a amené à cette réflexion ce soir, c'est une phrase lue dans le dernier roman de Beigbeder :

 
"dans un roman, l'histoire est un prétexte, un canevas; l'important, c'est l'homme qu'on sent derrière, la personne qui nous parle" 
 
 
A travers cette phrase, avec laquelle je ne suis pas vraiment d'accord, se dessine la génération d'écrivains contemporaine. L'histoire ne compte plus pour eux, elle n'est qu'une occasion de faire une démonstration ronflante de leur style, de leur "voix", de leur talent. Je me demande à quand remonte la dernière fois où Monsieur Beigbeder, entre deux rails de coke, a pris le temps de savourer un Balzac. Un Tolstoi. Un Aragon. Quelques poèmes d'Apollinaire ou de Baudelaire. Une pièce de théâtre de Beaumarchais.
Ces derniers se vouaient entièrement à leur histoire. Lire Madame Bovary, c'est être Madame Bovary. Se réveiller à la fin du livre en louant l'auteur de nous avoir fait entrevoir un autre monde, une autre vie. De s'être effacé au profit de son décor, de ses personnages et de la trame qu'il a conçue. 
Même si chacun de ces écrivains possède effectivement une voix et une manière unique de raconter, leur génie tient justement au fait qu'il n'ont pas besoin de la créer, de se faire de la place entre les lignes pour que nous, lecteurs, la reconnaissions d'entre mille. 
Peut-être que si Beigbeder avait grandi au dix-neuvième siècle et n'avait pas été surexposé comme nous tous à ce merdier post-moderne on n'en serait pas là. 

Je cherche pas du tout à juger sa manière d'écrire car je reconnais que malgré son égocentrisme assumé, il fait partie de ceux qui savent comment tourner une phrase. Il plane bien au delà de tous les Levy, Musso et Gavalda de ce monde...

Je pense juste que c'est bien dommage qu'on soit obligé d'être quelqu'un pour exister. Etre comme tout le monde est méprisable. Certains en feraient des dépressions à n'en plus finir. Se rêvent une vie au dessus des autres. Je comprendrai jamais ce besoin de pouvoir, de reconnaissance. 
Tant pis pour eux, ils passent à côté de l'essentiel...
 
 
 
http://diamond.cowblog.fr/images/Vrac/5608.jpg