On approche, on prend peur, on disparaît.
Entre approcher et prendre peur quelque chose se produit invariablement et irrémédiablement - quoi?
Mes lettres? Je les envoie si rarement, si - jamais.
Mon grand sérieux? Mais je ris tant - par amabilité.
Mes exigences? Je n'exige absolument rien.
La peur de s'attacher trop? Ce n'est pas cela qui détache.
L'ennui? Tant que je les vois ils n'ont pas la tête d'ennuyés.
Disparition totale et subite. Lui - disparu. Moi - seule.
Et c'est invariablement la même histoire.
On me laisse. Sans un mot, sans un adieu. On est venu - on ne vient plus. On a écrit - on n'écrit plus.
Et me voilà dans le grand silence, que je ne romps jamais, blessée à mort (ou à vif, ce qui est la même chose) sans avoir jamais rien compris - ni comment ni pourquoi.

 
 
Marina Tsvetaeva, le 7 mai 1933

A chaque fois que je me décide à reprendre ce livre, ses mémoires, les mots me bondissent au visage
et ne sont que le miroir de ce que je vis.


EDIT: J'ai réalisé tout à l'heure que MT a écrit ce texte le 7 mai, et que c'est la date d'aujourd'hui. Jour pour jour. C'est limite flippant. 

http://api.ning.com/files/GW26IHkHEAqGjLExMPsMXpW6pxDVo8Bdad3hqo7KbDZabBBiKkN8eXzCRkD9kGJiTgSmsrYVi-8z5Nw4nXB-8p75LqXMkvy6/021_AB_OK8cm_Cvetaeva.jpg